Alain SAEY
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Odyssée 2008
Présentation
La structure solide des époques précédentes de la peinture d’Alain Saey fait place à de nouvelles formes de composition.

Le Chant du Serpent • Huile sur toile • 114 x 146 cm

Des paysages de rochers, fracturés, obliques, et des êtres sont venus peupler l’espace. Après la période « Intérieurs » voici donc une « Odyssée ». Les couleurs de l’intérieur ont gagné l’extérieur : le jardin puis la montagne.

Paysages ouverts, vastes, en mutation, non stabilisés. La présence des êtres qui peuplent ces lieux, les occupent, les traversent sans sembler s’y installer, leur donne une dimension mythologique, celle d’un monde originel. Ils sont la scène, l’arène d’un conflit, d’une guerre perpétuelle entre des éléments primordiaux.

Le peintre assume donc un retour à une certaine « figuration », dans le souci constant de la « picturalité ».
Mais c’est une figuration utopiste, tournée non vers la représentation, mais vers l’évocation, l’invocation d’une dimension oubliée, fragile, qui soudain se libère, celle d’un monde rêvé un peu absurde, dans lequel les êtres chutent en apesanteur, tirés par des mouvements contradictoires.

Alain Saey ne donne pas une vision hédoniste, pacifiée du paysage, pour lui, le paysage est vecteur d’une tension, d’une lumière, d’un drame naturel. Il privilégie la lumière qui précède la disparition du soleil, quand le contraste entre les ombres et la lumière rasante est au plus fort, combat des noirs et des jaunes de chrome. Le monde est peint à ce moment fugitif où les ombres sont très prononcées et viennent halluciner le paysage comme dans un rêve éveillé.
Cette lumière anime tout ce qu’elle touche d’une valeur équivoque. Les ombres, cyprès humains, donnent fluidité aux rochers. Elles sont à la fois attirées par les rochers et rejetées. Elles plongent et leurs ondulations épousent la courbe des montagnes. Elles obéissent au rythme de la nature.

Pendant les périodes de fracas, des personnages/arbres de grande dimension semblent vouloir se mesurer aux événements, vents, tornades, gardant stoïquement une rigidité implacable qui les amène à des positions inconfortables : décidés à tenir le sol coûte que coûte fut-ce en biais.

Les paysages d’Alain Saey n’ont rien de bucolique. Les personnages s’activent avec une inquiétude palpable. Certains agitent des serpents avec véhémence, d’autres tentent de se rassurer en marchant par deux ou trois. Ils ne sont pas tout à fait de ce monde, ils le découvrent ou le redécouvrent, comme s’ils réinvestissaient la scène du monde après un cataclysme. D’autres sont réduits au silence, peu expressifs, marque de terreur ou de soumission, de sidération ? Certains posent sur le bord des routes, comme des statues.

Les êtres, les rochers, les cyprès sont tous mus par un même souffle. L’homme n’est pas à l’extérieur du monde, il est à l’intérieur. Le paysage se modifie en suivant la lumière.
Reste peu de place pour le ciel, à proprement parler, juste une ouverture, une trouée, un possible.

Janvier 2008S.Lubrano

conception et réalisation : Fabien MACAIRE