Alain SAEY
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Nouveautés 2008

La structure solide des époques précédentes de la peinture d’Alain Saey fait place à de nouvelles formes de composition. Des paysages de rochers, fracturés, obliques, et des êtres sont venus peupler l’espace. Après la période « Intérieurs » voici donc une « Odyssée ». Les couleurs de l’intérieur ...
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« Les récentes peintures d’Alain Saey offrent des espaces sombres, Intérieurs, où se joue un mystère originel. »

INTERIEUR II • Huile sur toile • 1,20 m x 1,20 m • A.Saey 2005

Alain Saey • Question de souffle

Soufflez. Ne soufflez pas. Alain Saey a du souffle ; sa peinture en est riche. Si la lumière très dense qui émane de ses toiles nous chauffe, c’est parce que la matière s’y fait braise autant que la lumière. Les formes, les formes qu’y sont-elles ? D’une substance fragile, fuyante, qu’on ne sauve qu’en la respectant toujours, elles émanent d’un voyage au c½ur de soi, rassemblés avec pinceaux et spatules comme avec des pincettes. La géométrie, réceptacle élémentaire, les pare : mais pas une géométrie sèche, plutôt celle qui, langage intime, sert de trait d’union.

Pris dans son ensemble, l’unité chromatique de cet art est frappante : l’éclat intérieur de la flamme d’une bougie y vit. Fort d’un tel symbole, l’½il s’aventure entre les lambeaux qu’un amateur de cailloux, trésors sans prix, bouts de ferraille, morceaux de racine, fleurs séchées, ombres gravées dans l’argile - que sais-je encore ?- invente ; et dont l’inventaire implique la peinture parce que la peinture, boue animée, mieux que tout autre technique, en restitue l’âme.

Par sa masse, l’½uvre initiée ici nous habite aussi sûrement qu’un manteau fait sur-mesure, qu’une peau qu’on enfile, face aux âtres pour compter ce qui bouge et ce qui demeure. La brûlure qu’induit un tel contact est plus vive qu’il n’y paraît de prime abord ; une forme d’envoûtement s’instaure, un monde est ramené au jour. Alain Saey les analyse-t-il ? Ses propos sur l’art sont laconiques ; les mots le brûlent, le gênent, mentent. L’argile de ses terres est plus franche. Il importe de la travailler aussi profondément qu’un sillon sur un sol inconnu.

Il va sans dire que cette peinture laboure des friches neuves. En prenant son temps, sans doute. Son temps frappé d’isolement, de chaos, d’errance. Son temps qui force à l’obstination, comme un appel à la résistance. Terre et temps, les fleurs qui en résultent ont des racines d’un sang de rouille ; une dureté d’épées fossilisées y perdure, brillante dans sa nuit.

F. Amblard

conception et réalisation : Fabien MACAIRE